« C’est une personne comme nous! »

Voici une des choses qu’un enfant d’une classe de 5ème primaire a retenu après notre animation en parlant des personnes sans-abri : « Une personne sans-abri est une personne comme nous, elle a le droit de sourire, de vivre dans la joie et la bonne humeur, ce ne sont pas des animaux, elle doit vivre comme nous »… Impressionnant qu’ils aient pu percevoir tout ça au bout de 2 animations de 50 minutes seulement…

En effet, entre mars et avril dernier, nous avons eu l’occasion de mener une animation sur ce thème avec les élèves des 3 classes de 5ème primaire de l’Athénée royal Serge Creuz et leur professeur d’Éducation à la Philosophie et à la Citoyenneté (EPC). Les enfants de ces classes, apparemment en demande d’informations et voulant mener un projet avec ces personnes qui vivent dans la rue, ont marqué beaucoup d’intérêt et ont posé beaucoup de questions pour mieux comprendre la réalité de ces personnes.
Nous avons donc démarré notre activité par une phase de prise de représentations où nous avons demandé aux enfants de dessiner pour eux ce que c’était une personne sans-abri. Ils avaient déjà en tête beaucoup d’images et de réalités différentes : ce sont des hommes, des femmes, mais aussi parfois des enfants…  Beaucoup ont parlé de leurs sentiments, certains énonçant déjà le fait que « ce sont des personnes comme les autres, qui ont les mêmes droits que tout le monde ».

Nous avons ensuite raconté l’histoire de Bonhomme (livre de Sarah V. et Claude K. Dubois) adapté en kamishibaï pour l’occasion. Cette belle histoire qui nous permet de suivre une personne sans-abri durant toute une journée et de comprendre ses vrais besoins a suscité beaucoup de réactions et de questions de la part de ces enfants très intéressés et curieux ! « Comment on devient pauvre ? Où est-ce qu’ils dorment le soir ? Pourquoi les autres ne les aident pas ? Qu’est-ce qu’on peut faire pour les aider ? » Et encore bien d’autres questions très intéressantes que nous écrivions au fur et à mesure sur une affiche afin de pouvoir y revenir lors de la deuxième séance.

La semaine suivante, nous sommes donc revenues avec un ‘panneau interactif’ pour permettre de répondre à leurs questions : nous avons donc essayé de savoir qui étaient les personnes sans-abri, comment on arrivait à la rue et ce qu’on y vivait, pour faire ressortir l’idée qu’il s’agit de personnes comme nous, d’êtres humains qui ont aussi des sentiments, ce que certains avaient d’ailleurs déjà soulevé lors de la première séance.

C’est à travers le témoignage de Benjamin, sorti de la rue grâce à l’équipe des Infirmiers de Rue, que nous avons essayé de faire ressortir ce qu’une personne qui vit dans la rue peut ressentir : « il est rejeté », « il n’a plus d’espoir », « il ne peut compter sur personne », « il se sent seul, inquiet » « il n’a pas confiance en lui »

A partir de là, nous voulions amener les enfants à réfléchir aux besoins que pouvaient avoir ces personnes : bien-sûr, ils ont évoqué les besoins primaires (manger, boire,…) mais assez vite les enfants ont aussi parlé du besoin de confiance, du besoin d’avoir des amis, des personnes avec qui parler… ou comme cette fille dans l’histoire de Bonhomme qui offre son biscuit en le regardant dans les yeux et en lui donnant un prénom, du besoin d’identité, d’une preuve qu’on existe vraiment… « Il a besoin d’être reconnu comme une personne ».

Les enfants ont terminé cette animation avec leur professeur en réfléchissant à ce qu’ils pourraient eux-mêmes faire pour mettre un peu plus de dignité autour d’eux d’abord à l’école, par de simples petits gestes, car ils ont aussi un rôle à jouer, et ils en sont déjà très conscients : « Comme dans l’histoire de Bonhomme, une petite fille a réussi à le faire sourire, alors pourquoi pas nous ? »  Ce fut pour nous très enrichissant de voir toutes les réflexions que ces enfants ont à nous partager sur un sujet pas si facile que ça, mais qui les touche déjà beaucoup et qu’ils sont prêts à partager autour d’eux car « j’ai envie que mes parents, mon institutrice, mes copains-copines le sachent comme ça ils pourront savoir aussi et les aider » et surtout « pour leur faire comprendre qu’une personne sans-abri est une personne comme nous »