ATD met les jeunes au vert : « Je peux aider tellement de gens mais je ne m’en rends pas compte »

Cet été, la dynamique jeunesse ATD Wallonie-Bruxelles a convié trois jeunes, Julia, volontaire ASF, Doris et Momo, membres du groupe jeune, à participer à un chantier d’été International ATD Quart Monde à Méry-Sur-Oise. C’est « la maison-mère d’ATD, le siège de décisions pour ATD. Damien, un ancien volontaire, m’avait expliqué que c’était là qu’on décidait où partait les volontaires. Il y avait, Jean Vénard, un mec sympa, qui dirigeait le chantier ». Ils nous expliquent ensemble ce dont il s’agit et nous livrent leurs impressions autour de cette incroyable expérience.

De belles maisons, pas par leur taille mais par leur paix […] Planter des fleurs, ce n’est pas comme construire un escalier, mais au final cette beauté nous nourrissait.

Un chantier International, c’est la rencontre, initiée par ATD, de jeunes de partout dans le monde, cette fois-ci de France, Italie, Martinique, île Maurice, Belgique … en lien avec le Mouvement, qui se retrouvent pour « faire ensemble ». Construire « un endroit de rencontre, où différents jeunes peuvent se rencontrer, travailler dehors, dans un cadre de créer quelque chose. De belles maisons, pas par leur taille mais par leur paix. Il est important que ce soit de belles choses. Planter des fleurs, ce n’est pas comme construire un escalier, mais au final cette beauté nous nourrissait ». Les journées sont intenses ! « On a réparé une bergerie, travaillé sur la voirie. La bergerie était pour des vélos, des pierres, des sacs de vêtements, des outils. La pièce n’était pas entière, il manquait encore la moitié du toit ». A Baillet, « on a été cherché d’anciens dossiers pour les accrocher, les mettre en ordre. Nous étions 28. La journée, on choisissait les activités, peinture, pavage, planter des fleurs, grand four, cuisine pour tout le monde ». « Le soir on partait en petit groupe, après avoir fait les chantiers dans la journée et après un peu de temps libre (pétanque, volley), et chaque soir il y avait une activité ».

A autant, il faut s’organiser, organiser la vie en collectivité dans le respect des rythmes et besoins de chacun. « Les courses étaient faites, Momo et un autre garçon allait chercher le pain, à la sortie de l’autoroute, à deux pas du lieu. C’était le groupe qui choisissait ce qu’ils cuisinaient, avec chaque fois des repas végétarien, végétalien et avec viande. Ils ont bien respecté la dimension hallal. » Malgré le nombre, la vie en collectivité, le temps passé ensemble, il n’y a pas eu de disputes ou de tensions.

La pauvreté est hyper violente, un peu comme une guerre qui fait des victimes en masse. C’est difficile d’imaginer que ce soit arrivé, et il n’y a pas si longtemps.

Ce chantier, c’est aussi l’occasion d’en apprendre davantage autour d’ATD Quart Monde, son histoire, son fondateur, les membres qui composent et nourrissent le Mouvement. « On en a appris davantage sur l’histoire du père Joseph, sur l’histoire de Noisy, des militants dont Bernard qui a témoigné : ils étaient à 15 dans ce qu’ils appelaient des igloos [logement dans un bidon ville qui a la forme d’un demi bidon, d’où le nom]. Son voisin a dû manger son chat pour ne pas mourir de faim. Ils ont dû faire dormir quelqu’un dehors parce qu’ils n’avaient plus de place à l’intérieur. La pauvreté est hyper violente, un peu comme une guerre qui fait des victimes en masse. C’est difficile d’imaginer que ce soit arrivé, et il n’y a pas si longtemps ».

Une semaine « inoubliable », « beaucoup trop courte» d’où chacun·e ressort grandi : « j’ai appris qu’il ne fallait pas suivre le chemin école-études-travail, mais qu’il fallait suivre son propre chemin ». Le chantier d’été révèle des talents et des capacités inexploités : « je ne pensais pas savoir faire des choses comme ça, du ciment et tout ». Un sentiment de fierté domine, un sentiment précieux. « Je peux aider tellement de gens mais je ne m’en rends pas compte ».

Les chantiers internationaux d’ATD sont une tradition bien ancrée et reviennent chaque année, dans différents lieux chers au Mouvement. Ils sont ouverts à toutes et à tous, militant·e·s, jeunes, volontaires, allié·e·s, ami·e·s… N’hésite pas à te renseigner sur le site jeunesse et à rejoindre l’aventure pour une semaine intense qui te laissera des souvenirs mémorables !

Momo, Julia et Doris place trocadero devant la dalle du Trocadéro du 17 octobre 1987

Propos de Mohamed, Julia Steinhöfel et Doris Laurent, recueillis par Olivia de Callataÿ