« Travailler avec les gens de Bruxelles, être un soutien pour les enfants dans la situation du confinement »

Julia, notre stagiaire ASF de cette année, a dû rentrer précipitamment chez elle à cause du Covid-19, suite à la décision de son organisation. Elle nous raconte son expérience à Bruxelles et comment ça se passe aujourd’hui pour elle.

« Dans la nuit du 16 mars, je suis dans ma petite chambre en colocation à Bruxelles, pour rassembler mes dernières affaires. Quelques heures plus tôt, j’ai appris que je devais soudainement retourner en Allemagne. Je prends des photos du mur, j’enroule des affiches et je dis au revoir à mes deux colocataires françaises. En fait, ce moment n’aurait dû arriver que dans six mois mais la propagation du coronavirus a mis un frein à mes projets.

En septembre, j’avais commencé mon service volontaire dans le cadre du projet « ATD Quart Monde », à Bruxelles, normalement pour 12 mois. J’ai voulu faire un service de paix, c’est-à-dire une année à l’étranger avec « l’Aktion Sühnezeichen Friedensdienste » (ASF), mon organisation d’envoi. Chaque année, elle envoie environ 180 volontaires en Europe, aux États-Unis et en Israël. A travers différentes missions, les volontaires accompagnent les survivants de l’Holocauste et leurs descendants, soutiennent les personnes socialement défavorisées, les réfugiés et les personnes handicapées ; ils sont aussi impliqués dans des organisations de lutte contre l’antisémitisme, le racisme et l’extrémisme de droite.

« ATD Quart Monde » est une organisation de défense des droits de l’homme, qui lutte contre la pauvreté au niveau international. En tant que bénévole, j’ai eu des tâches très différentes, allant des traductions pour le site web au travail de recherche pour le travail politique d’ATD au Parlement européen. Chaque mercredi, je m’entraînais à la lecture et à l’écriture en français avec les enfants sur une place de Molenbeek, dans le cadre d’une bibliothèque de rue. Avec ces enfants, on a aussi joué au football et au memory, on a dessiné, … Molenbeek est un quartier où de nombreuses familles vivent dans l’exclusion sociale et doivent joindre les deux bouts avec très peu d’argent.

En ce moment, je pense beaucoup à « mes » enfants de là-bas, que j’ai pris dans mon cœur et à qui je n’ai pas pu dire au revoir. Ils sont beaucoup plus touchés que moi par la situation actuelle, car ils vivent dans de petits appartements, souvent avec plusieurs frères et sœurs, et ils ne peuvent pas s’isoler. Je considère donc comme un privilège de pouvoir, en ce moment-même, m’asseoir dans notre jardin à Oßmannstedt.

Travailler avec les gens de Bruxelles, être un soutien pour les enfants dans la situation du confinement et partager avec eux la joie et la souffrance – voilà ce que je désire. J’avais l’intention de rester à Bruxelles jusqu’à la fin du mois d’août. Cependant, à la mi-mars, tous les volontaires internationaux ont été rappelés de leurs projets et je suis maintenant chez moi, comme des milliers d’autres jeunes, sans plan pour les six prochains mois. Tout d’un coup, il y a plus qu’assez de temps pour faire le ménage et réfléchir. J’aimerais bien retourner en Belgique. Les autres volontaires, avec lesquels j’avais déjà planifié des projets pour l’été, me manquent également.

J’espère pouvoir retourner à Bruxelles dans quelques mois. D’ici-là, je dois réfléchir à la manière de remplir ce temps. J’ai encore la tête un peu en Belgique, je téléphone à mes colocataires, je regarde des séries belges et je m’entraîne au néerlandais. Il faudra probablement un certain temps avant que je puisse repenser à cette époque, non pas avec mélancolie, mais seulement avec de la joie. »